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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

réfléchi, dans la voiture qui le ramenait, à son bonheur de posséder une femme fidèle, tendre et voluptueuse.

Il s’est promis une soirée d’amour, il vous attend impatiemment ; le repas est servi ; il a fait ajouter une bouteille de champagne.

Il faut, en arrivant, donner ses lèvres avec la terreur qu’elles aient gardé un parfum coupable ; il faut dîner joyeusement, vaincre le sommeil et le dégoût qu’amène la satiété.

Il faut participer à cette fête des sens et anéantir les soupçons possibles par des manifestations de plaisir passionnées et nombreuses.

Il est vrai que le plaisir que l’on donne est d’autant plus grand que l’on simule le sien propre ; il est vrai que, désintéressée pour soi-même, on a toute facilité pour combler le mari avide d’amour et faire des simulacres qui satisfont pleinement sa vanité.

Ces simulacres peuvent être exagérés. Ils ne le sont jamais trop. Des gestes désordonnés, des cris éperdus sont jugés vraisemblables.

Du reste, une femme douée d’une grande imagination peut fermer les yeux et croire, à l’instant où elle est traversée par la sensation physique de l’amour, que cette sensation lui vient de son amant