Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

28
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

amant, mais votre mari ne vous est pas subitement devenu odieux. Il continue à connaître vos goûts ; s’il apporte des gâteaux pour le thé, ce sont bien ceux que vous aimez, et s’il vous mord l’oreille à une certaine minute, c’est qu’il sait bien que vous chérissez cette douleur.

Une puissante habitude peut vous lier à lui par mille chaînes indissolubles. Le seul fait de pouvoir se rappeler ensemble une bonne qui était ivrogne, une parente qui était insupportable, en la nommant, même sans en parler, crée un rapprochement affectueux.

Malgré tout, pendant plusieurs années, on s’est déshabillé ensemble, et cela a donné à l’heure du soir une formidable aisance. L’harmonie des sens s’est établie. Le seul regard de l’un fait savoir à l’autre qu’il est désiré. On a le droit de dire :

— Non, tais-toi, pas aujourd’hui.

On n’aime plus avec son cœur, on n’aime plus avec son goût de la nouveauté, mais il y a pourtant une sensation que l’on retrouve, que l’on obtient à coup sûr, parce que le mari auquel on la demande sait la donner. Et c’est beaucoup d’avoir la certitude de ce plaisir, même sans véritable amour.

Mais il ne s’agit pas un instant de faire com-