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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

intimes, étaient intraitables sur la question de moralité. Elles partaient en cab après le déjeuner et ne rentraient souvent que le soir. Une jeune fille de la campagne, parente de notre bonne et qui venait porter des œufs à la maison, me révéla le secret de leurs promenades :

— Elles ont loué une petite maison qui servait chez nous à mettre des outils. Elles l’ont remplie de soie et de peaux de bêtes et elles viennent s’y mettre nues ensemble.

Ô démon, toi qui fais frémir la chair des jeunes filles, toi qui fais palpiter les draps blancs à l’heure de leurs étirements et de leurs paresses, toi qui dirige le genou du danseur aux fins de valse et fais regretter alors une robe plus légère, démon qui vis dans toutes les maisons, qui rôdes à tous les carrefours, démon des flirts, des mariages et des viols, n’est-ce pas toi la cause de tout bonheur ? ô démon, hélas ! n’es-tu pas un dieu ?