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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

qui sont nos amis, nos adversaires, nos maîtres, nos élèves, nos enfants et parfois nos joujoux : je veux parler des hommes ; j’ai concentré sur eux ma pensée, j’ai observé avec passion, j’ai noté avec délices leurs petits faits, leurs grands gestes, leur vanité, leur simplicité. Avec une tendre ironie, juste assez pour ne pas m’émouvoir véritablement, j’ai regardé leurs chers défauts, leurs aimables vices, leurs mauvais mérites, leurs fausses vertus. J’ai cru m’apercevoir qu’il y avait un petit ressort qui les dirigeait et que, pareils à ces polichinelles que l’on donne aux enfants, ils ouvraient les bras, faisaient des grimaces, poussaient des cris quand on avait pressé le petit ressort.

J’ai voulu me rendre compte de ce mécanisme. Je livre à mes amies inconnues le résultat de mes recherches. On a plus de chance de s’amuser avec le jouet quand on connaît le secret qui le met en mouvement. On peut le réparer, s’il cesse de dire « Papa, maman ». On peut développer cette horlogerie délicate et lui faire dire des phrases plus compliquées.

Ô curieuses, mes sœurs, éludiez bien le ressort, pressez-le à votre gré, ne le brisez pas !…