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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Et même en ce moment, après avoir reçu mille confidences, possédant de l’amour une connaissance extrême par mon expérience et par celle des autres, je ne peux me défendre d’une immense surprise qui me saisit brusquement à certaines minutes, en songeant à ce mystère surprenant qui veut que deux êtres se choisissent, se désirent moralement et physiquement, échangent des caresses, vivent ensemble. J’ajoute que cet étonnement m’est très précieux, car il est pour moi dans l’amour une grande source de nouveauté et surtout de volupté.

Donc j’ai cultivé ma curiosité, c’est-à-dire mon amour de la vie, mon amour de l’amour. Elle a été la petite lampe qui brûlait encore dans la chambre, même quand l’électricité était éteinte, à l’heure où les bras refermés, la magie des paroles vagues font de la femme une esclave docile de plaisir. Grâce à elle, je suis toujours restée moi-même, j’ai défendu ma personnalité, et, même quand j’ai pensé m’abandonner toute, il y a eu un petit coin solitaire de mon âme qui est demeuré intangible, un petit coin dont nulle caresse humaine, nulle parole passionnée n’auraient pu obtenir la révélation.

Je remercie ma curiosité de tout ce qu’elle m’a apporté de joie. C’est elle qui m’a fait connaître et aimer cette catégorie divertissante d’êtres humains