Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne soit vaincu, il se fera chevalier d’Agramant.

Toutes ces cérémonies terminées, chacun se retire dans son camp et les trompettes ne tardent pas à donner, de leur voix claire, le signal du terrible combat. Voici que les deux adversaires, pleins d’ardeur, s’abordent, calculant leurs pas avec la plus grande attention et le plus grand art. Voici que l’assaut commence ; le fer résonne contre le fer, et les coups portent tantôt en haut, tantôt en bas.

Ils se frappent tantôt à la tête, tantôt aux pieds, du manche ou du fer de leur hache, et cela avec une telle adresse, une telle rapidité, qu’on ne serait pas cru si on voulait le raconter. Roger, qui combattait contre le frère de celle qui possédait son âme, mettait une telle hésitation à le frapper, qu’il en parut manquer de vaillance.

Il était plus attentif à parer qu’à frapper, et ne savait lui-même ce qu’il voulait faire. Il eût été si désolé de tuer Renaud, qu’il eût préféré mourir lui-même. Mais je sens que je suis arrivé au point où il convient de suspendre mon récit. Vous apprendrez le reste dans l’autre chant, si dans l’autre chant vous venez m’entendre.