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à surmonter toutes les épreuves. J’ai éprouvé moi-même sa valeur, et j’en ai vu les effets sur les autres. Enfin il y a déjà longtemps que Roland n’est plus là, et cependant nous avons plutôt perdu que gagné du terrain.

« Si jusqu’ici nous avons beaucoup perdu, je crains qu’avant peu nous ne perdions encore davantage. Mandricard n’est plus ; Gradasse nous a retiré son concours. Marphise nous a abandonnés en cette extrémité, ainsi que le roi d’Alger, duquel je dois dire que, s’il eût été aussi fidèle qu’il est vaillant, nous n’aurions pas à regretter la perte de Gradasse ni de Mandricard.

« Pour remplacer ceux qui nous ont retiré leur concours, et tant de milliers de braves qui sont morts, tous ceux qui pouvaient venir sont déjà venus. On n’attend plus de vaisseau qui en porte d’autres. Quatre nouveaux chevaliers sont en revanche venus vers Charles. Tous quatre sont réputés aussi forts que Roland ou que Renaud ; et c’est avec raison, car d’ici à Batro vous en trouveriez difficilement quatre d’égale valeur.

« Je ne sais si tu ignores l’arrivée de Guidon le Sauvage, de Sansonnet et des fils d’Olivier. Je fais grand cas d’eux, et je les redoute bien plus que tous les ducs et chevaliers d’Allemagne ou de toute autre nation, qui combattent contre nous en faveur de l’empire, bien qu’il ne faille pas dédaigner les nouveaux renforts que, malheureusement pour nous, le camp ennemi a reçus.

« À chaque fois que tu tenteras une sortie, tu