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il cherche à frapper le cavalier soit an flanc, soit au ventre, soit à la poitrine. Il finit par lui porter deux coups de pointe, l’une au flanc, l’autre à la cuisse.

Rodomont, qui tenait encore à la main le pommeau de son épée brisée, en assène un tel coup sur le casque de Roger, qu’il aurait dû l’étourdir de nouveau. Mais Roger qui devait vaincre, ayant le bon droit pour lui, le saisit par le bras, et joignant sa main droite à la première, tire son adversaire tant et si bien, qu’il finit par l’arracher de selle.

Soit force, soit adresse, le païen tombe de façon qu’il n’a plus d’avantage sur Roger ; je veux dire qu’il retombe à pied. Mais Roger qui a encore son épée, est mieux partagé. Il s’efforce de tenir le païen à distance, afin d’éviter une lutte corps à corps avec un adversaire d’une taille si gigantesque.

Il voit le sang couler de son flanc, de sa cuisse et de ses autres blessures. Il espère que, peu à peu, les forces lui manqueront, et qu’il pourra achever de le vaincre. Le païen avait encore à la main le pommeau de son épée ; réunissant toutes ses forces, il en porte un coup qui étourdit Roger plus qu’il ne le fut jamais.

Roger, frappé à la visière de son casque et à l’épaule, vacille et chancelle sous le coup, et a toutes les peines du monde à se tenir debout. Le païen veut s’élancer sur lui, mais le pied lui manque, affaibli qu’il est par sa blessure à la cuisse. Dans sa précipitation à s’élancer sur Roger, il tombe sur un genou.