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plus de joie que le criminel condamné au gibet ou à la roue, et qui, ayant déjà les yeux recouverts du bandeau fatal, entend proclamer sa grâce.

Les maisons de Montgraine et de Clermont se réjouissent de voir deux de leurs rameaux s’unir dans de nouveaux liens. Par contre, Ganelon, le comte Anselme, Falcon, Gini et Ginarni en sont fort marris. Mais ils cachent sous un front joyeux leurs-pensées d’envie et de haine. Ils attendent l’occasion de se venger, comme le renard attend le lièvre au passage.

Renaud et Roland avaient déjà, à plusieurs reprises, occis un grand nombre de ces traîtres. Bien que leurs querelles eussent été sagement assoupies par le roi, elles s’étaient de nouveau réveillées depuis la mort de Pinabel et de Bertolas. Mais les traîtres dissimulaient leurs projets félons, et faisaient semblant d’ignorer la vérité.

Les ambassadeurs bulgares, venus, comme je l’ai dit, à la cour de Charles, dans l’espoir d’y trouver le brave chevalier de la Licorne, auquel ils avaient donné la couronne, apprenant qu’il y était en effet, s’applaudirent de l’heureux destin qui avait réalisé leur espoir, et, courant se jeter respectueusement à ses pieds, ils le supplièrent de revenir en Bulgarie,

Où étaient conservés dans Andrinople le sceptre et la couronne royale. Ils le pressèrent de venir défendre ses États, menacés d’une nouvelle invasion plus nombreuse que la première, et conduite par Constantin en personne ; ajoutant que,