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Ces paroles et beaucoup d’autres qu’il serait trop long de rapporter, et qui allaient au-devant de toutes les objections de Roger, firent tant, qu’à la fin celui-ci dut se rendre et dit : « Je consens à vivre. Mais comment m’acquitterai-je jamais envers toi, à qui je dois deux fois la vie ? »

Mélisse fit apporter sur-le-champ des mets exquis et des vins généreux, grâce auxquels Roger, prêt à tomber de faiblesse, put se réconforter. Pendant ce temps, Frontin qui avait entendu hennir les chevaux, était accouru. Léon le fit prendre par ses écuyers, lui fit mettre la selle, et l’amena à Roger.

C’est avec beaucoup de peine que ce dernier, bien qu’aidé par Léon, put se mettre en selle. Il avait perdu cette vigueur dont, quelques jours auparavant, il avait donné des preuves si éclatantes sous des armes d’emprunt, et qui lui aurait permis de vaincre toute une armée. Ils quittèrent enfin ces lieux, et arrivèrent en moins d’une demi-heure à une abbaye

Où ils passèrent le reste de la journée et les deux jours suivants, jusqu’à ce que le chevalier de la Licorne eût retrouvé sa vigueur première. Puis, accompagné de Mélisse et de Léon, Roger revint dans la cité royale où était arrivée la veille au soir une ambassade des Bulgares.

Cette nation, après avoir élu Roger pour son roi, avait envoyé des ambassadeurs à Paris, croyant qu’il était en France auprès de Charlemagne. Ils étaient chargés de lui jurer fidélité, de le mettre