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ter le matin suivant devant Charles. Elle lui dit qu’on faisait la plus grande injure à son frère Roger ; qu’elle ne souffrirait pas qu’on lui ravît sa femme, ni qu’on prononçât une parole de plus à ce sujet. Elle s’offrit à prouver, contre quiconque le nierait, que Bradamante était la femme de Roger.

En présence de tous, elle s’offrit à combattre contre quiconque serait assez hardi pour le nier. Elle affirma que Bradamante avait, en sa présence, dit à Roger les paroles sacramentelles qui engagent dans les liens du mariage. Ces paroles avaient été plus tard consacrées par les cérémonies d’usage, de sorte que ni l’un ni l’autre ne pouvait plus se délier de son serment, et contracter une nouvelle union.

Que Marphise dît vrai ou faux, je l’ignore, mais je crois qu’elle parlait ainsi pour arrêter les projets de Léon, bien plus que pour dire la vérité. Elle ne voyait pas de moyen plus prompt et plus loyal pour dégager la parole de Bradamante, écarier Léon et la rendre à Roger.

Le roi fort troublé par cette déclaration, fait sur-le-champ appeler Bradamante. En présence d’Aymon, il lui fait savoir ce que Marphise offre de prouver. Bradamante tient les yeux baissés vers la terre, et dans sa confusion, ne nie ni n’avoue rien, et les assistants en concluent que Marphise pouvait bien avoir dit vrai.

Renaud et le chevalier d’Anglante sont heureux de cet incident, qui leur paraît devoir arrêter les projets d’alliance déjà presque conclus avec Léon.