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a été touché de cette vaillance qu’il proclame unique au monde et qui lui semble surhumaine, cherche le moyen de le sauver. Il ourdit enfin une trame fort habile, et qui lui permettra de sauver Roger, sans que sa cruelle tante puisse s’en offenser et lui faire de reproches.

Il va trouver en secret le geôlier de la prison, et lui dit qu’il voulait voir le chevalier avant que la sentence capitale prononcée contre lui n’ait reçu son exécution. La nuit venue, il prend avec lui un de ses plus fidèles serviteurs, plein de force et d’audace, et tout à fait apte à un coup de main ; il s’arrange ensuite de façon que le geôlier, sans dire à personne qu’il est Léon, vienne lui ouvrir.

Le geôlier, sans prendre aucun de ses acolytes avec lui, conduit secrètement Léon et son compagnon à la tour où est gardé le malheureux condamné au dernier supplice. Arrivés dans la tour, et comme le geôlier leur tourne le dos pour ouvrir la trappe, Léon et son compagnon lui jettent un nœud coulant autour du cou, et l’étranglent sur l’heure.

Ils ouvrent la trappe, et Léon y descend, suspendu à une corde qu’ils avaient apportée à cette intention, et tenant à la main une torche allumée. Il trouve Roger plongé dans une obscurité profonde, enchaîné et couché sur un grabat baignant à moitié dans l’eau. Ce lieu infect l’aurait à lui seul fait mourir au bout d’un mois, et même en moins de temps.