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leur suite les glaces et les neiges. Ainsi quand tu détournes de moi tes doux rayons, ô mon beau soleil, mille terreurs funestes s’abattent sur moi, et font dans mon cœur un âpre hiver plus d’une fois dans l’année.

« Ah ! reviens vers moi, ô mon soleil ; reviens, et ramène le doux printemps si désiré ! Viens fondre les glaces et les neiges et rasséréner mon esprit troublé par de sombres vapeurs ! » Semblable à Progné qui se lamente, ou à Philomèle qui était allée chercher de la pâture pour ses petits et qui retrouve le nid vide, ou bien encore à la tourterelle qui pleure sa compagne perdue,

Bradamante se plaint et se désespère. Elle craint que son Roger ne lui ait été ravi. Son visage est la plupart du temps baigné de larmes, mais elle se cache le plus qu’elle peut pour pleurer. Oh ! combien elle se plaindrait davantage si elle savait ce qu’elle ignore ; si elle savait que son époux est en prison, où il endure de cruels tourments, et où il attend une mort affreuse !

La cruauté dont la méchante vieille use envers le brave chevalier qu’elle tient prisonnier et qu’elle se prépare à faire mourir au milieu de tourments nouveaux et de supplices inouïs, parvient enfin, grâce à la Bonté suprême, aux oreilles du généreux fils de César. Celui-ci ne peut consentir à laisser périr un guerrier si vaillant, et il forme le projet de lui venir un aide.

Le généreux Léon qui aime Roger, sans savoir encore que c’est Roger, et simplement parce qu’il