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Le saint vieillard poursuit son discours, et fait si bien qu’il persuade à Renaud de donner Bradamante à Roger, bien que ni l’un ni l’autre ne l’en ait prié. Olivier et le prince d’Anglante louent beaucoup ce projet ; ils espèrent qu’Aymon et Charles l’approuveront ; ils ajoutent que l’intérêt de la France entière l’exige.

Ils parlaient ainsi, ignorant qu’Aymon, avec l’assentiment du fils de Pépin, avait écouté ces jours derniers les propositions de l’empereur grec Constantin, qui lui avait fait demander la main de sa fille pour son fils Léon, héritier de ses vastes États. Le jeune homme, ayant entendu parler de la vaillance de Bradamante, s’en était épris sans l’avoir vue.

Aymon avait répondu qu’il ne pouvait pas conclure seul cette affaire, et qu’il voulait auparavant en parler à son fils Renaud, alors absent de la cour. Il. ne mettait pas en doute que Renaud ne se montrât flatté d’une telle alliance ; cependant, à cause de la déférence profonde qu’il lui portait, il ne voulait rien résoudre sans lui. .

Pendant ce temps, Renaud loin de son père, et ignorant la démarche de l’empereur d’Orient, promit sa sœur à Roger, sur les instances de l’ermite, et après avoir pris l’avis de Roland et de ses autres compagnons. Il croit que cette alliance ne peut qu’être très agréable à Aymon.

Pendant tout ce jour-là, et une grande partie du jour suivant, ils restèrent auprès du sage anachorète, oubliant presque de regagner leur navire,