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jusqu’à ce que les ténèbres se fussent dissipées devant la belle aurore, lorsqu’il vit venir à lui un chevalier à l’aspect et aux manières pleins de courtoisie.

Celui-ci, après l’avoir salué, lui demanda poliment s’il était marié. Renaud lui dit : « Je suis en effet soumis au joug conjugal. » Mais en lui-même il s’étonnait de cette demande, lorsque son interlocuteur ajouta : « Je me réjouis qu’il en soit ainsi. » Puis, pour lui expliquer ses paroles, il dit : « Je te prie d’avoir pour agréable d’accepter ce soir l’hospitalité chez moi.

« Je te ferai voir une chose que doit volontiers connaître quiconque a femme à son côté. » Renaud, autant parce qu’il voulait se reposer, fatigué qu’il était d’avoir couru, autant par le désir inné qu’il avait toujours eu de voir et d’entendre de nouvelles aventures, accepta l’offre du chevalier, et le suivit.

Ils sortirent de la route à une portée d’arc, et se trouvèrent devant un grand palais, d’où accoururent un grand nombre d’écuyers avec des torches allumées, qui projetèrent autour d’eux une grande clarté. Renaud, étant entré, jeta les regards autour de lui, et vit un palais comme on en voit rarement, admirablement construit et distribué, et trop vaste pour servir de demeure à un homme de condition privée.

La riche voûte de la porte d’entrée était toute en serpentine et en dur porphyre. La porte elle-