mant et au roi d’Espagne, depuis le jour où ils avaient été les maîtres de la campagne.
Il se dirige à main droite vers Aigues-Mortes, dans l’intention de gagner Alger en toute hâte. Il arrive sur les bords d’un fleuve, dans une ville chère à Bacchus et à Cérès, en ce moment dépeuplée par suite des assauts qu’elle avait soutenus contre les soldats sarrasins. De là, il aperçoit la vaste mer, et il voit dans les vallées fertiles ondoyer les blondes moissons.
Une petite chapelle s’élevait sur un monticule entouré de murs. Pendant que la guerre flamboyait tout autour, les prêtres l’avaient abandonnée. Rodomont la prit pour demeure, et il s’y plut tellement — tant à cause de la beauté du site que parce qu’elle était éloignée des camps dont il fuyait les nouvelles avec horreur — qu’il renonça à aller à Alger pour s’y fixer.
L’endroit lui parut si commode et si beau, qu’il changea d’idée, et ne songea plus à aller en Afrique. Il y fit loger sa suite, ses bagages et son destrier. La chapelle était située à quelques lieues seulement de Montpellier ; tout près était un riche et beau château ainsi qu’un village qui s’étendait sur le bord d’une rivière ; de sorte qu’il était facile de s’y procurer tout ce dont on avait besoin.
Un jour que le Sarrasin se tenait pensif, ce qui lui arrivait la plupart du temps, il vit venir, le long d’un sentier qui traversait un pré herbeux, une damoiselle au visage respirant l’amour, en compagnie d’un moine barbu. Ils conduisaient un grand