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Grande est la foule qui de tous côtés ondoie autour de la barrière extérieure. Près de la reine de Caslille, on voit les reines, les princesses et les nobles dames d’Aragon, de Grenade, de Séville et des pays qui confinent aux colonnes de l’Atlantide. Parmi elles est assise la fille de Stordilan. Son vêtement consiste en deux riches draperies, l’une d’un rouge pâle, l’autre verte ; la première semble avoir perdu sa couleur, tellement elle tire sur le blanc.

Marphise porte un vêtement court, convenant à la fois à une dame et à une guerrière. C’est ainsi que le Thermodon dut voir autrefois Hippolyte et ses compagnes. Déjà le héraut portant sur sa cotte d’armes la devise du roi Agramant, est entré dans le camp, pour rappeler le règlement qui défend aux spectateurs de prendre parti, de fait ni de parole, pour l’un des combattants.

La foule épaisse est dans l’attente du combat qu’elle appelle de tout son cœur, et parfois se plaint du retard que mettent à paraître les deux fameux chevaliers. Soudain une grande rumeur qui ne fait que s’accroître s’élève de la tente de Mandricard. Or vous saurez, seigneur, que c’est le vaillant roi de Séricane et le farouche Tartare qui produisent ce tumulte et qui poussent ces cris.

Le roi de Séricane, ayant entièrement armé de ses mains le roi de Tartarie, s’apprêtait à lui attacher au flanc l’épée qui avait jadis appartenu à Roland, lorsqu’il vit, écrit sur le pommeau, 1s nom de Durandal, et la devise habituelle d’Almonte.