entouré de nombreux serviteurs, admire beaucoup la courtoisie dont la damoiselle a usé à l’égard de Serpentin. « Elle aurait pu le faire prisonnier, et elle ne l’a pas fait ! » disait de son côté la populace sarrasine. Serpentin arrive et, ainsi que son adversaire l’avait demandé, il dit au roi d’envoyer un meilleur jouteur que lui.
Grandonio de Volterne, tout furieux — c’était le plus superbe chevalier d’Espagne — prie qu’on lui accorde la faveur d’être le second champion, et il sort dans la campagne en proférant toutes sortes de menaces : « Ta courtoisie ne te servira à rien ; quand je t’aurai vaincu, je t’amènerai prisonnier à mon maître. Mais tu mourras ici, si mon pouvoir répond à mon désir. »
La dame lui dit : « Ton impertinence ne me rendra pas moins courtoise. C’est pourquoi je te dis de t’en retourner, avant que tu n’ailles te meurtrir les os sur la terre durcie. Retourne, et dis de ma part à ton roi que ce n’est pas pour lutter contre des gens comme toi que je me suis mise en route ; mais que c’est pour me rencontrer avec un guerrier qui en vaille la peine, que je suis venue ici réclamer bataille. »
Ces paroles, dites d’un ton mordant et acerbe, allument un grand feu dans le cœur du Sarrasin. Sans pouvoir répliquer un mot, il fait faire volte face à son destrier, plein de colère et de dépit. La dame en fait autant, et dirige la lance d’or et Rabican contre l’orgueilleux. À peine la lance en-