nombreuses dépouilles qu’il lui avait conquises, la faveur de m’avoir pour femme.
« Sa demande fut repoussée par le roi, qui avait résolu de marier sa fille à un grand prince, et non à un simple chevalier comme celui-ci, qui ne possédait rien autre chose que son courage. Mon père, trop porté à l’amour du gain et à l’avarice, école de tous les vices, faisait aussi peu de cas des belles manières et du courage, qu’un âne des accords de la lyre.
« Alceste, c’est ainsi qu’avait nom le chevalier dont je te parle, se voyant repoussé par celui qui lui devait tant, demanda son congé, et, en partant, menaça mon père de le faire repentir de lui avoir refusé sa fille. Il s’en alla près du roi d’Arménie, ancien rival du roi de Lydie et son principal ennemi ;
« Et il l’excita tellement par ses conseils, qu’il le poussa à prendre les armes et à faire la guerre à mon père. Sa grande renommée le fit choisir pour capitaine de cette armée. Il partit en déclarant que toutes les conquêtes qu’il ferait seraient pour le roi d’Arménie, et qu’il ne voulait par lui-même, de toutes ses victoires, que la possession de ma belle personne.
« Je ne pourrais te dire tout le mal qu’Alceste causa à mon père pendant cette guerre. Il tailla en pièces quatre de ses armées, et, en moins d’un an, le réduisit à n’avoir d’autre refuge qu’un château rendu très fort par les précipices au-dessus desquels il était construit. C’est là que le roi se