un pont sur le Carigliano, mais il voit ses gens rompus, dispersés, périr engloutis dans le fleuve.
« Voyez dans la Pouille un non moindre carnage de l’armée française, mise en déroute. C’est l’Espagnol Ferdinand de Gonzague, qui deux fois l’a prise comme dans une souricière. Mais autant la Fortune s’était en cette circonstance montrée rebelle à Louis, autant elle lui est favorable dans les riches plaines que baigne l’Adriatique, et que le Pô divise en deux parties égales du côté de l’Apennin et du côté des Alpes »
Ainsi disant, il s’accuse lui-même d’avoir oublié ce qu’il aurait dû dire tout d’abord. Il retourne sur ses pas, et montre un chevalier qui vend le château dont son maître lui avait confié la garde. Il montre le Suisse perfide faisant prisonnier celui-là même dont il touche la solde. Ces deux trahisons donnent la victoire au roi de France, sans qu’il ait besoin d’abaisser sa lance.
Puis il montre César Borgia s’élevant en Italie par la faveur de ce roi. Tout baron de Rome, tout seigneur qui s’oppose à lui, est envoyé en exil. Puis il montre le roi qui, après avoir expulsé la Scie de Bologne, y fait entrer les Glands. Il montre les Génois révoltés, mis en fuite et leur cité soumise.
« Voyez — dit-il ensuite — la campagne de Giaradadda couverte de morts. Toutes les villes ouvrent leurs portes au roi ; Venise seule résiste à peine. Voyez comme, après avoir franchi les frontières de la Romagne, il chasse le pape de Modène,