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beaucoup d’endroits à des danses joyeuses, et de beaux chevaux richement caparaçonnés caracolent de leur mieux par les rues. Mais ce qui était le plus beau à voir, c’était le riche cortège des seigneurs, des barons et des vassaux couverts de tout ce que l’Inde et les pays lointains d’Erythrée peuvent fournir de perles, d’or et de pierreries.

Griffon et ses compagnons s’en venaient lentement, admirant de çà de là, lorsqu’un chevalier les arrêta et les fit monter dans son palais, où, avec la courtoisie en usage à cette époque, il ne les laissa manquer de rien. À peine entrés, il leur fit apprêter un bain, puis d’un air gracieux il les invita à s’asseoir à une table somptueuse.

Et il leur raconta comment Norandin roi de Damas et de toute la Syrie avait invité tous ceux qui, dans le pays et à l’étranger, avaient rang de chevalerie, à venir prendre part aux joutes ; lesquelles devaient avoir lieu le lendemain matin sur la place publique. Il ajouta que s’ils avaient autant de valeur que l’annonçait leur fière prestance, ils pourraient en donner la preuve sans aller plus loin.

Bien que Griffon ne fût pas venu pour cela, il accepta l’invitation ; il ne refusait jamais, quand il en avait l’occasion, de montrer son courage. Il interrogea son hôte sur le motif de cette fête. Il lui demanda si c’était une solennité qu’on renouvelait chaque année, ou bien une nouvelle idée du roi pour éprouver la valeur de ses sujets.