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de lui les maîtres dans l’art de la guerre : les deux Guy, les deux Angelins, un des Angeliers, Avin, Avole, Othon et Bérenger.

Sous les yeux.de Charles, et sous les yeux du roi Agramant, l’une et l’autre armée brûle de se signaler ; chacun veut saisir cette occasion d’acquérir une grande gloire et de mériter des récompenses, tout en faisant son devoir. Mais les Maures eurent beau donner des preuves de valeur, ils ne purent réparer les pertes considérables qu’ils essuyèrent, et le nombre de ceux d’entre eux qui restèrent morts montra aux autres combien leur audace était folle.

Du haut des remparts les flèches tombent sur les ennemis, aussi épaisses que la grêle. Les cris des nôtres et des assaillants font trembler le ciel même. Mais il faut que Charles et qu’Agramant attendent un peu, car je veux chanter les exploits du Mars africain, de Rodomont, qui, épouvantable et terrible, court par toute la ville.

Je ne sais, seigneur, si vous vous rappelez ce Sarrasin qui, miraculeusement sauvé, avait laissé ses soldats mourants et dévorés par la flamme avide entre le premier et le second rempart, — le plus horrible spectacle qu’on vît jamais. —J’ai dit que, d’un-bond, il avait sauté dans la ville par-dessus le fossé qui l’entoure.

Lorsque le Sarrasin féroce, aux armes étranges, et couvert de la peau écailleuse d’un serpent, apparut tout à coup aux endroits où les vieillards et la population inoffensive se tenaient, prêtant