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L’autre l’écoutait, mais comme on écoute quelqu’un qui parle beaucoup sans savoir de quoi il parle. Mais Richardet, le prenant à part, lui raconta comment il avait été sauvé du bûcher par lui, et lui certifia qu’il ferait, en temps et lieu, beaucoup plus que ce dont il se vantait. Aldigier lui prêta alors une plus grande attention, et lui prodigua les marques du plus grand respect et de la plus grande estime.

Puis, à sa table, où régnait l’abondance la plus copieuse, il lui donna la place d’honneur, comme il eût fait à son suzerain. Là, il fut convenu que, sans chercher l’aide de personne, on délivrerait les deux frères. Enfin le sommeil vint fermer les yeux aux maîtres et aux valets. Roger seul ne dormit pas ; une pensée importune lui pesait sur le cœur et le tenait éveillé.

La nouvelle du siège qu’avait à soutenir Agramant, nouvelle qu’il avait apprise le jour même, lui tenait au cœur. Il voyait bien que le moindre retard apporté à voler à son secours était pour lui un déshonneur. De quelle infamie, de quelle honte ne se couvrira-t-il pas, s’il s’en va avec les ennemis de son maître ? Ne lui reprochera-t-on pas comme une lâcheté, comme un grand crime, de s’être fait baptiser en un pareil moment ?

En tout autre temps, on aurait pu facilement croire que la vraie religion l’a seule touché. Mais maintenant qu’Agramant assiégé a plus que jamais besoin de son aide, chacun croira plutôt qu’il a cédé à la crainte, à une coupable lâcheté, qu’à