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Si jamais elle le retrouve, elle se propose de lui conter l’aventure,.et elle ne croit pas qu’alors Mandricart. s’enorgueillisse longtemps de posséder cette épée.

Fleur-de-Lys cherche en vain Brandimart du matin au soir. Elle fait un long chemin loin de lui, loin de lui qui est déjà.retourné à Paris. Elle va si loin, par monts et par vaux, qu’elle arrive au passage d’une rivière où elle voit et reconnaît le malheureux paladin. Mais disons d’abord ce qu’il advint de Zerbin.

Laisser Durandal en de telles mains lui semble la pire de ses douleurs, bien qu’il.puisse à peine se tenir à cheval, tellement il a perdu et tellement il perd de sang. Au bout d’un moment, la chaleur l’abandonne avec la colère, et ses souffrances augmentent à tel point qu’il sent la vie lui manquer.

Sa faiblesse l’empêche d’aller plus loin et l’oblige à s’arrêter près d’une fontaine. .La damoiselle inconsolable ne sait ce qu’elle doit faire ou dire pour le secourir. Elle le voit mourir faute de soins, car le lieu où ils sont est trop éloigné de toute cité pour qu’un médecin puisse y venir et, par pitié ou à prix d’argent, panse le.blessé.

Elle ne sait que se lamenter en vain et accuser la fortune et le ciel de cruauté et de barbarie, « Hélas ! — disait-elle — pourquoi ne m’avez-vous pas noyée quand je voguais sur l’Océan ? » Zerbin, qui a tourné vers elle ses yeux languissants, est plus désespéré de la voir se lamenter