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vient d’être donné au comte Anselme que son fils Pinabel a été trouvé étendu sans vie entre deux montagnes, dans un étroit sentier. Zerbin, pour éviter que les soupçons ne se portent sur lui, feint d’apprendre une chose nouvelle et baisse les yeux ; mais il pense bien que le cadavre qu’il a trouvé sur sa route doit être celui de Pinabel.

Bientôt arrive le brancard funèbre, à la lueur des torches et des flambeaux. Alors les cris redoublent, les battements de mains retentissent jusqu’aux étoiles, et les larmes coulent plus abondantes des paupières. Mais, plus que tous les autres, le visage du malheureux père dénote un sombre désespoir.

Cependant on apprête de solennelles et pompeuses funérailles, selon l’usage antique que chaque génération voit peu à peu se perdre. Le châtelain fait publier un ban par lequel il promet une riche récompense à celui qui lui fera connaître le meurtrier de son fils. Ce ban interrompt un instant les lamentations du populaire.

De voix en voix, d’une oreille à l’autre, la promesse annoncée par le ban se répand dans toute la contrée. Elle parvient jusqu’à la vieille scélérate qui dépasse en férocité les tigres et les ours. Aussitôt elle saisit cette occasion de perdre Zerbin, soit pour satisfaire sa haine, soit pour montrer que tout sentiment humain est banni de son cœur,

Soit pour gagner la récompense promise. Elle s’en va trouver le malheureux châtelain, et, après un préambule qu’elle tâche de rendre le plus vraisemblable possible, elle lui dit que c’est Zerbin