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que scélératesse, dont il pourrait plus tard avoir à se repentir et à se plaindre. Gabrine tenait ses yeux baissés, ne trouvant aucune bonne réponse à la vérité.

Zerbin s’éloigna avec la vieille, continuant selon sa promesse, le voyage imposé, et la maudissant à part soi tout le long du jour, de ce qu’elle lui avait fait faire outrage à ce baron. Si, avant de la connaître, elle lui inspirait de l’ennui et du déplaisir, maintenant qu’il sait tout le mal qu’elle a fait, d’après ce que lui a dit celui qui la connaissait bien, il la hait au point qu’il ne peut plus la voir.

Elle, qui sait de son côté quelle haine lui porte Zerbin, ne veut pas être vaincue en sentiments haineux, et lui rend son mépris au quintuple. Son cœur était gonflé de venin, mais son visage n’en laissait rien voir. Donc, dans le touchant accord que je vous dis, ils suivaient leur route à travers l’antique forêt.

Soudain, à l’heure où le soleil commençait à décliner sur l’horizon, ils entendirent des cris et des coups qui annonçaient une bataille acharnée, et dont la rumeur était d’autant plus grande qu’elle était plus proche. Zerbin, pour voir ce que c’était, s’avança en toute hâte vers l’endroit d’où provenait le bruit. Gabrine ne fut pas lente à le suivre. Je parle dans l’autre chant de ce qui advint.