honteux esclavage autrement que par la mort, je désire mourir. »
Guidon termine ici son récit, et dans son indignation, il maudit le jour où sa victoire sur les dix chevaliers et sur les dix femmes lui acquit le trône. Pendant ce temps, Astolphe s’était contenté d’écouter, sans se faire connaître, jusqu’à ce qu’il fût certain, à plus d’un signe, que Guidon était bien, comme il l’avait dit, le fils de son parent Aymon.
Puis il lui répondit : « Je suis le duc d’Angleterre, ton cousin Astolphe. » Et le prenant dans ses bras, il l’embrassa avec amour et courtoisie, non sans répandre des larmes. « Mon cher parent — ajouta-t-il — ta mère n’avait pas besoin de te mettre d’autre signe au cou pour nous faire voir que tu es des nôtres ; il te suffit de montrer ta vaillance avec ton épée. »
Guidon, qui dans un autre moment se serait fort réjoui de retrouver un si proche parent, l’accueille le visage triste, et sa vue lui fait éprouver de la douleur. Il sait que, dès le lendemain même pour tout délai, il ne peut conserver la vie qu’en rendant Astolphe esclave, et que si Astolphe reste libre, lui-même doit mourir ; de sorte que le bonheur de l’un doit causer infailliblement le malheur de l’autre.
Il est aussi douloureusement affligé d’avoir à réduire, par sa victoire, les autres chevaliers en esclavage, d’autant plus que sa mort même ne les ferait pas échapper à la servitude ; car Marphise,