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entreprise. Il prit ses armes, et suivit les traces de Griffon. Mais auparavant il pria le duc de retarder son retour en France et dans le palais de ses pères, jusqu’à ce qu’il fût revenu d’Antioche. Puis il descendit à Jaffa, où il s’embarqua, la voie de mer lui paraissant et meilleure et plus courte.

Le vent de siroco, qui soufflait en ce moment sur mer avec une grande violence, lui fut tellement favorable, que le jour suivant il vit la terre de Sûr, et le lendemain celle de Saphet. Il passa devant Beyrouth et Zibelet, et laissant Chypre assez loin à sa gauche, il se dirigea droit vers Tortosa de Tripoli, Laodicée et le golfe de Laias.

Là, le pilote tourna la proue du navire vers le Levant, et, après une marche rapide, arriva à l’embouchure de l’Oronte, où, choisissant son heure, il put pénétrer. Aquilant fit aussitôt jeter un pont, mit pied à terre, et partit, monté sur son vigoureux destrier. Il chemina sur la rive du fleuve jusqu’à ce qu’il fût arrivé à Antioche.

Il s’informa aussitôt de Martan, et apprit qu’il s’en était allé, avec Origile, à Damas où devait avoir lieu un solennel tournoi d’après un ordre royal. Certain que son frère l’y avait suivi, il partit le jour même d’Antioche, mais sans prendre cette fois la voie de mer, tant il était pressé du désir de le rejoindre.

Il prit la route de Lydie et de Larisse, et laissa derrière lui la riche et populeuse Alep. Dieu, pour montrer qu’il ne laisse jamais le bien sans récompense et le mal sans punition, lui fit alors rencon-