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Griffon voyant le roi venir à lui, d’un air ami, pour lui jeter les bras autour du cou, laisse tomber son épée et sa colère, et embrasse respectueusement Norandin sous la hanche. Le roi s’aperçoit alors que son sang coule de deux blessures ; il fait aussitôt venir un médecin ; puis il fait doucement transporter le blessé dans la ville, où il lui offre l’hospitalité dans son royal palais.

Griffon blessé y reste quelques jours avant de pouvoir reprendre ses armes. Mais je le laisse pour retourner en Palestine, vers son frère Aquilant et vers Astolphe. Après que Griffon eut quitté les murs sacrés, ils l’avaient cherché plus d’un jour dans tous les endroits consacrés de Jérusalem et dans beaucoup d’autres plus éloignés de la cité.

Or ni l’un ni l’autre n’avaient pu trouver quelqu’un qui sût ce qu’était devenu Griffon. Mais ce pèlerin grec, en s’entretenant avec eux, vint les mettre sur la voie, en leur disant qu’Origile avait pris le chemin d’Antioche, en Syrie, accompagnée d’un nouvel amant qui était de ce pays, et pour lequel elle s’était embrasée d’un feu subit.

Aquilant lui demanda s’il avait annoncé cette nouvelle à Griffon, et le Grec le lui ayant affirmé, il comprit aussitôt le but et le motif de son départ. Il était évident qu’il avait suivi Origile à Antioche, dans l’intention de l’enlever des mains de son rival, et de tirer de celui-ci une grande et mémorable vengeance.

Aquilant ne souffrit pas que son frère allât seul et sans lui à la poursuite d’une pareille