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RÉVISION

Gaston Couté, 1910.


I

Je suis à poil (et cependant
Je ne suis pas chez ma voisine !)
Sur moi, la toise en descendant
A fait un bruit de guillotine ;
Et voici Môssieu le Major,
Être doux comme le tonnerre,
Qui me palpe et me palpe encor
D’un geste de vétérinaire…

Alors, sans bouger le sourcil
Je me dis, pendant ce temps-là
tu n’as pas vu mon cul, le voici !
Si tu n’as pas vu mon cul, le voilà !

II

Devant moi, le nombril caché
Sous le tricolore bandage,
Les maires, témoins du marché,
S’intéressent au marchandage :
Œil sournois, œil terne et chassieux,
Regard de veau, regard de fouine,
Tous les regards de tous ces yeux
Courent sur moi comme vermine…

Alors, sans bouger le sourcil,
Je me dis, pendant ce temps-là :
Ceux qui n’ont pas vu mon cul, le voici !
Ceux qui n’ont pas vu mon cul, le voilà !