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Tous mes conseillers sont comme moi, décidés à pratiquer loyalement les institutions et incapables d’y porter aucune at­teinte. Je livre ces considérations à vos réflexions comme au jugement du pays.

Pour laisser calmer l’émotion qu’ont causée les derniers incidents je vous inviterai à suspendre vos séances pendant un certain temps. Quand vous les reprendrez, vous pourrez vous mettre, toute autre affaire cessante, à la discussion du budget, qu’il est si important de mener bientôt à terme.

D’ici là, mon gouvernement veillera à la paix pu­blique : au dedans il ne souffrirait rien qui la compro­mette. Au dehors, elle sera maintenue, j’en ai la confiance, malgré les agitations qui troublent une partie de l’Europe, grâce aux bons rapports que nous entrete­nons et voulons conserver avec toutes les puissances, et à cette politique de neutralité et d’abstention qui vous a été exposée tout récemment et que vous avez confirmée par votre approbation unanime.

Sur ce point, aucune différence d’opinion ne s’élève entre les partis. Ils veulent tous le même but par le même moyen. Le nouveau ministère pense exactement comme l’ancien, et pour bien attester cette conformité de sentiment la direction poli­tique étrangère est restée dans les mêmes mains.

Si quelques imprudences de parole ou de presse com­pro­mettaient cet accord que nous voulons tous, j’emploierais, pour les réprimer, les moyens que la loi met en mon pouvoir et, pour les prévenir, je fais appel au patriotisme qui, dieu merci, ne fait défaut en France à aucune classe de citoyens.

Mes ministres vont vous donner lecture du décret qui, conformément à l’article 2 de la loi constitution­nelle du 16 juillet 1875, ajourne les chambres pour un mois.

Maréchal DE MAC-MAHON,

duc de MAGENTA

Président de la République Française.


Après la lecture de ce message et du décret de prorogation, M. Gambetta demanda la parole. M. Grévy, président, lui fit observer que, l’Assemblée étant proro-