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Le 18 mai, à l’ouverture des séances de la Chambre des députés et du Sénat, MM. de Broglie et de Fourtou donnèrent lecture d’un message présidentiel dont la conclusion était un décret prorogeant le parlement pour un mois.

Voici la teneur de ce message :


MESSIEURS LES SÉNATEURS, MESSIEURS LES DÉPUTÉS[1],

J’ai du me séparer du ministère que présidait M. Jules Simon et en former un nouveau. Je dois vous faire l’exposé sincère des motifs qui m’ont amené à prendre cette décision.

Vous savez tous avec quel scrupule, depuis le 25 février 1875, jour où l’assemblée nationale a donné à la France une constitution républicaine, j’ai observé, dans l’exercice du pou­voir qui m’est confié, toutes les prescriptions de cette loi fondamentale.

Avec les élections de l’année dernière, j’ai voulu choisir pour ministres des hommes que je supposais être en accord de sentiments avec la majorité de la Chambre des Députes. J’ai formé, dans cette pensée, successive­ment deux ministères. Le premier avait à sa tête M. Dufaure, vétéran de nos assemblées politiques, l’un des auteurs de la Constitution, aussi estimé pour la loyauté de son caractère qu’illustre par son éloquence. M. Jules Simon, qui a présidé le second, attaché de tout temps à la forme républicaine, voulait, comme M. Dufaure, la concilier avec tous les principes conservateurs.

Malgré le concours loyal que je leur ai prêté, ni l’un ni l’autre de ces ministères n’a pu réunir dans la Chambre des députes, une majorité solide acquise à ses propres idées. M. Dufaure a vainement essayé l’année dernière, dans la discus­sion du budget, de prévenir des innovations qu’il regardait justement comme très fâcheuses. Le même échec était réservé au Président du dernier cabinet sur des points de législation très graves au sujet des-

  1. Note Wikisource : Ce message a été adressé par le président de la République aux deux chambres du parlement le 18 mai 1877. Il y expose son point de vue sur le fonctionnement des institutions et annonce l'ajournement des chambres