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L’ANARCHIE PASSIVE

éléments sont capables de se manger, de se dévorer mutuellement.

En s’élevant contre les gouvernements, contre le tsar, les empereurs, les rois, les présidents de république, contre toute la hiérarchie contemporaine du pouvoir, contre tous les dignitaires des Églises et des États, le comte Tolstoï se donne beaucoup de peine pour nous démontrer que tous ces personnages plus ou moins haut placés ne sont que des hommes, de simples mortels comme tout le monde. Cette vérité est tellement répandue aujourd’hui qu’il semble singulier d’en parler, et le comte Tolstoï le sait très bien ; mais s’il soulève cette question plusieurs fois dans son livre, c’est dans un but déterminé ; c’est pour avoir toujours de nouvelles occasions de railler certains symboles, certaines dignités. Ainsi, par exemple, il nous dit que des hommes sains d’esprit deviennent fiers, arrogants et tout heureux, quand on leur accroche « une clef sur le derrière » ou un cordon bleu sur la poitrine ; il dit que les souverains peuvent se faire oindre par le prêtre ou le pope, se donner tous les noms possibles, établir les fondements