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L’ANARCHIE PASSIVE

toï ; on s’efforçait de rester bons, de n’obéir qu’à Dieu seul, d’observer la non-résistance au mal par la violence, jusqu’à se priver même volontairement de la parole pour ne pas faire violence à son frère par le langage ; en se rencontrant on se saluait et on échangeait ces seules paroles : Memento mori. Ces hommes se retiraient à l’écart de toute vie politique et sociale ; mais comme, dans les couvents, ils se rassemblaient en grand nombre, le besoin de l’ordre et d’une certaine forme de vie sociale se faisait sentir même chez ces hommes qui se préparaient à la mort, rien qu’à la mort.

De même pour ces ermites qui vivaient solitaires, loin du monde ; dès que plusieurs autres se groupaient autour du premier, ces hommes, qui se préparaient uniquement à la mort, éprouvaient toujours la nécessité de fonder pour leur petite communauté une certaine forme de vie sociale, et ils se choisissaient un supérieur, etc. Si le comte Tolstoï avait raison, et si la vie sociale n’était pas absolument indispensable à l’homme, ces ermites, assurément, eussent pu se passer