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L’ANARCHIE PASSIVE

travaux la pensée et la conscience humaines, et c’est ainsi que l’homme progresse, s’améliore et grandit.

Un homme vivant dans la solitude doit nécessairement demeurer stationnaire dans son développement, et il est tout à fait logique que, dans tous les âges et chez tous les peuples, des hommes aient choisi une vie solitaire, au milieu des forêts ou des déserts, non pour enrichir l’humanité et la vie de quelque découverte, de quelque vérité, mais seulement en vue de se préparer à la mort.

Ces hommes, ces ermites, réalisaient pleinement le rêve de Tolstoï, la non-résistance au mal : eux aussi, ils quittaient passivement la vie sociale, la vie politique, pour demeurer, en bons et vrais chrétiens, au milieu du désert ! L’humanité a toujours considéré ces ermites comme des hommes qui se sont entièrement voués à la mort, qui se préparent à la mort, rien qu’à la mort ; et elle n’a jamais rien attendu, rien reçu d’eux. Oui, à y bien réfléchir, on trouve que, dans les différents ordres religieux, on a réalisé bien souvent l’idéal que caresse aujourd’hui le comte Tols-