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L’ANARCHIE PASSIVE

ver que les princes, les rois païens aient accepté la doctrine du Christ, l’aient choisie pour la religion de leurs États, d’où ils chassaient l’antique religion païenne, — et tout cela, non pas pour suivre la foi chrétienne, mais au contraire seulement pour la corrompre et la païenniser. Mais alors à quoi bon changer de religion ? On pourrait encore se l’expliquer, si les premiers chrétiens, au lieu d’être une secte secrète et persécutée, avaient constitué un parti puissant, capable d’obliger, par la force des armes, les souverains et les masses populaires à changer leur religion ancienne pour une nouvelle ; mais ce n’est pas le cas.

Il se pourrait encore que la nouvelle religion présentât plus de vérité, apportât le germe d’une vie plus riche, c’est-à-dire qu’elle offrit les conditions favorables pour une puissante évolution de toutes les énergies individuelles et sociales : on comprendrait alors que les peuples et les monarques aient accepté d’instinct la doctrine de cette petite secte inconnue, persécutée, et fait d’elle la religion de l’État ; mais il est impossible de comprendre