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L’ANARCHIE PASSIVE

chaque serviteur !… Il est très radical, le comte Tolstoï, et cela à l’âge de soixante à soixante-dix ans, quand, les cheveux blanchis par l’âge, au bord même du cercueil, il nous crie, avant de disparaître sur l’autre rive du tombeau, d’abattre toute notre civilisation, toute notre organisation sociale avec leurs idéals, leurs souvenirs sacrés et leurs aspirations futures. Il nous crie d’abattre tout cela, mais sans violence, sans entrain et sans courage, passivement, en retirant seulement notre soutien, notre assistance à tout ce qui a été conquis, obtenu par l’humanité entière pendant la marche séculaire des temps. Il nous conseille de faire, avec tous nos idéals, toutes nos aspirations vers le sublime, le vrai et le beau, c’est-à-dire avec toute notre civilisation, ce que les courtisans serviles font, au moment du danger, avec un monarque qu’ils laissent détrôner sans le défendre et sans le combattre.

Tolstoï nous dit aussi dans son livre que le christianisme lui-même est incompatible avec la vie politique et sociale, qu’il est antisocial ; par conséquent tout vrai chrétien doit