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L’ANARCHIE PASSIVE

d’un village assez nombreux avaient cessé complètement de travailler et dépensaient tout leur argent en friandises et en fêtes sans fin ; et cela pendant les mois d’été, alors qu’il eût fallu faucher l’herbe, sécher le foin, moissonner le blé et le froment, etc., etc. Le gouvernement fut obligé d’envoyer faire une enquête sur place, et l’on constata que toute la foule des paysans et paysannes ne faisaient que chanter, danser et dépenser leurs économies, gagnées avec tant de peines pendant les années précédentes. Tous les travaux les plus nécessaires avaient été délaissés, car les paysans croyaient fermement que Jésus-Christ avait défendu aux vrais chrétiens de semer et de labourer la terre, et que c’était leur Père céleste, le bon Dieu lui-même, qui allait les nourrir, les vêtir et subvenir à tous leurs besoins comme il le fait pour les oiseaux et les lys des champs.

Les personnages officiels ne savaient que penser de cet étrange état de choses, mais le professeur de psychiatrie (M. Sikorsky, si je me rappelle bien) découvrit que le soi-disant prophète était en proie à une affection men-