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L’ANARCHIE PASSIVE

de cette trempe, que le comte Tolstoï, en finissant son livre, « le Salut est en vous » nous déclare franchement qu’il n’est pas même nécessaire d’agir selon les principes qu’on a reconnus pour vrais, c’est-à-dire, par exemple, de rendre aux pauvres le capital ou la terre qu’on possède ou de quitter le service gouvernemental qu’on a reconnu immoral et impossible, etc. Non, tout cela n’est pas nécessaire : il suffit de reconnaître l’immoralité de ses propres actes, et l’on peut ensuite agir comme auparavant ! C’est là une hypocrisie naïve à un tel degré, que cette naïveté a presque une teinte d’héroïsme brutal !

Je ne me serais jamais permise de toucher à ce côté tout personnel et privé de la question, c’est-à-dire à la non-conformité de la vie du comte Tolstoï avec les principes qu’il proclame partout, s’il ne s’était pas permis lui-même de traiter tous les savants, tous les artistes, tous les nobles, les militaires, les prêtres, en un mot tout le monde, sauf lui-même et ceux qui se sont refusés à prêter serment, à payer les impôts et à servir dans l’armée, s’il ne s’était, dis-je, permis de les traiter