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L’ANARCHIE PASSIVE

plus que la couleur verte ; et dans les livres de Zend-Avesta, de Rigvéda, comme dans les œuvres d’Homère, on ne trouve pas un seul mot de la couleur verte des champs et des bois ou de la couleur bleu céleste du ciel[1]. Dans la Bible (livres de Moïse, 24, 10), le ciel est, quant à sa couleur, comparé au saphir, et quoique la langue des Hébreux eût déjà atteint un haut degré de développement, au temps des prophètes, néanmoins elle ne possédait que quatre mots seulement pour la désignation des diverses couleurs, alors que le prophète Isaïe énumérait[2] jusqu’à vingt objets différents, qu’il considérait comme de futiles colifichets de femmes (Lazarus).

Même dans une période beaucoup plus avancée, on constate encore une absence complète de dénominations pour les couleurs aujourd’hui les plus connues. Ainsi, par exemple, dans la chanson de Roland et dans la Nibelunge-Not, on ne rencontre pas de mots pour désigner le jaune ou le bleu ;

  1. Marty. Die Frage nach der geschichtlichen Entwickelung des Farbensinnes, 1879.
  2. Lazarus. Geist und Sprache eine psychologische Monographie, 1878.