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c’est l’incapacité de vivre au milieu de l’atmosphère sociale, laquelle exige toujours un certain degré d’altruisme, si minime soit-il, avec la faculté de vivre pour les idées, puisque sans cela il est impossible d’observer les lois et de sympathiser avec ses semblables. Et voilà que, suivant la prédominance du système musculaire avec la volonté d’une part, ou du système cérébral avec la pensée abstraite de l’autre, les pauvres dégénérés se transforment ou en des éléments antisociaux actifs, qui tâchent d’enfreindre, ou même de renverser l’ordre et la vie sociale (les différents criminels vulgaires, les nihilistes, les anarchistes, etc.), ou en des éléments antisociaux passifs qui, en se refusant à contrôler les données de leur conscience personnelle par les données de la conscience d’autrui, se perdent au milieu du désert aride des illusions, des hallucinations et des rêves pathologiques, et ne font que peupler les asiles d’aliénés. Si les divers criminels nous représentent l’égoïsme actif, les fous, au contraire, nous montrent à quoi mène l’égoïsme outré de la pensée, l’égoïsme passif.