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L’ANARCHIE PASSIVE

toute vie intellectuelle, de tout langage humain, et même de tout mouvement coordonné.

Mais avant d’en arriver à cette limite extrême, la dégénérescence peut présenter des degrés infinis, lesquels embrassent toutes les maladies nerveuses et psychiques, tous les vices, toutes les perversions des goûts, des sentiments, des désirs, du sens sexuel, toutes les perversions de la volonté ; tous les alcooliques, les morphinomanes, et la plupart des criminels entrent dans ce cadre.

Il ne faut pas oublier non plus que la vie sociale, en s’épanouissant de plus en plus, en substituant de plus en plus les luttes des pensées, les luttes des idées aux luttes physiques, peut se développer trop rapidement, de sorte que beaucoup d’individus ne peuvent suivre cette spiritualisation de la lutte ; partant, la vie sociale leur paraît trop fade, trop terne, justement parce qu’elle devient trop intellectuelle, trop élevée pour leurs goûts arriérés ; et voilà de futurs mécontents, de futurs réfractaires, de futurs révolutionnaires. Ainsi nous voyons que les ennemis de la vie sociale sont fournis par les arriérés et par les dégénérés.