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L’ANARCHIE PASSIVE

Sans le contrôle de la vie sociale, l’humanité ne serait qu’une cohue de fous ou de bêtes sauvages ; sans le milieu social, l’homme ne peut pas vivre en homme, il ne peut que mourir ou dégénérer.

La vie sociale, c’est le libre espace où se livrent bataille les différentes idées, les différentes hypothèses, les différentes croyances des générations humaines ; et de même que chaque génération humaine comprend des individus de tous les âges, de même, dans le champ libre de la vie sociale de chaque communauté, de chaque peuple, on trouve des idées, des hypothèses jeunes, pleines de force, de vigueur, côte à côte avec celles qui déjà tombent de vieillesse. L’homme est un être trop imparfait pour pouvoir d’emblée concevoir toute la vérité, toute la beauté, toute la perfection. La science, dans la personne d’un de ses représentants médicaux, nous dit que « l’homme n’est qu’un atome au milieu d’un espace infini, n’est qu’un moment au milieu de l’éternité, qu’un battement du pouls de la vie qui circule sur la terre ».

Des êtres aussi passagers ne peuvent cer-