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Que les hommes aient la liberté de tout faire, mais qu’ils sachent où les conduit chaque liberté et que seulement après avoir pesé le pour et le contre, ils se décident à agir.

Traçons dans notre cerveau, en lignes assez précises, non définitives pourtant, le croquis de l’existence que nous voulons vivre et entrons en lutte immédiate avec les forces adverses.

Disons-nous bien que détruire la Bastille est œuvre médiocre, si l’on conserve en soi l’idée de vindicte qui la fera reconstruire, style moderne pourtant ; que l’autorité qui émane d’un seul n’est pas plus dangereuse que celle qui émane d’une aristocratie ou d’une démocratie. Le tsarisme ou la république sont pour nous des gouvernements équivalents. La liberté d’un peuple est l’échelle qui montre la mentalité des individus qui le composent et non pas la forme de l’État.

La lutte que nous entreprenons est une lutte contre les individus, ce n’est pas contre le gouvernement ou les élus que nous luttons, c’est puéril, c’est contre les électeurs ; ainsi procéderons-nous dans tout ordre d’idée.

Oui, c’est contre le mouton, le mouton de Panurge, que nous nous tournons, contre l’homme qui vote, qui se syndique, qui se marie ; dont tous les pas, tous les gestes sont tracés, non par son expérience, ni même celle de ses amis ou d’individus ayant intérêt parallèles, mais par l’autorité religieuse, patronale, syndicale, gouvernementale, c’est-à-dire par la synthèse de leur ignorance particulière.

Nous sommes anarchistes : c’est-à--