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« Misérable gouvernement ! Malgré les cris et les prières, il lance l’impôt des 45 centimes qui soulève les campagnes désespérées.

« il maintient les états-majors royalistes, la magistrature royaliste, les lois royalistes. Trahison !

« Il court sus aux ouvriers de Paris ; le 15 avril, il emprisonne ceux de Limoges, il mitraille ceux de Rouen le 27 ; il déchaîne tous leurs bourreaux, il berne et traque tous les sincères républicains. Trahison ! Trahison !

« À lui seul, le fardeau terrible de toutes les calamités qui ont presque anéanti la Révolution !

« Oh ! Ce sont là de grands coupables et entre tous les plus coupables, ceux en qui le peuple trompé par des phrases de tribun voyait son épée et son bouclier ; ceux qu’il proclamait avec enthousiasme, arbitres de son avenir.

« Malheur à nous, si, au jour du prochain triomphe populaire, l’indulgence oublieuse des masses laissait monter au pouvoir un de ces hommes qui ont forfait à leur mandat ! Une seconde fois, c’en serait fait de la Révolution !

« Que les travailleurs aient sans cesse devant les yeux cette liste de noms maudits ! Et si un seul apparaissait jamais dans un gouvernement sorti de l’insurrection, qu’ils crient tous, d’une voix : Trahison !

« Discours, sermons, programmes ne seraient encore que piperies et mensonges ; les mêmes jongleurs ne reviendraient que pour exécuter le même tour, avec la même gibecière ; ils formeraient le premier anneau d’une chaîne nouvelle de réaction plus furieuse ! Sur eux, anathème et vengeance, s’ils osaient jamais reparaître ! Honte et pitié sur la foule imbécile qui retomberait encore dans leurs filets !

« Ce n’est pas assez que les escamoteurs de février soient à jamais repoussés de l’Hôtel de Ville, il faut se prémunir contre de nouveaux traîtres.

« Traîtres seraient les gouvernements qui, élevés sur les pavois prolétaires, ne feraient pas opérer à l’instant même : 1o Le désarmement général des gardes bourgeoises. 2o L’armement et l’organisation en milice nationale de tous les ouvriers.

« Sans doute, il est bien d’autres mesures indispensables, mais elles sortiront naturellement de ce premier acte qui est la garantie préalable, l’unique gage de sécurité pour le peuple.

« Il ne doit pas rester un fusil aux mains de la bourgeoisie. Hors de là, point de salut !

« Les doctrines diverses qui se disputent aujourd’hui les sympathies des masses, pourront un jour réaliser leurs promesses d’amélioration et de bien-être, mais à la condition de ne pas abandonner la proie pour l’ombre.

« Elles n’aboutiraient qu’à un lamentable avortement si le peuple, dans un engouement exclusif pour les théorie, négligeait le seul élément pratique assuré, la force !

« Les armes et l’organisation, voilà l’élément décisif de progrès, le moyen sérieux d’en finir avec la misère ! Qui a du fer, a du pain. On se prosterne devant les baïonnettes, on balaye les cohues désarmées. La France hérissée de travailleurs en armes, c’est l’avènement du socialisme.

« En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra.

« Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases so-