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  DE MAHOMET. 469

qu’Abraham a dit à ſon pere & à ſes gens, je ſuis innocent du peche que vous commettez d’adorer les Idoles, je n’adore que celuy qui m’a creé, il me conduira au chemin de ſalut, & a laiſſé ſes paroles à la poſterité ; peut-eſtre que les infidelles ſe convertiront. J’ay differé cy-devant la punition des Idolatres, juſques à ce qu’ils ayent apris la verité, & qu’il leur ſoit venu un Prophete pour les inſtruire. Lors qu’il leur a preſché la verité, ils ont dit que ce n’eſt que ſortilege, & qu’ils n’y adjouſteront pas foy[1]. Si l’Alcoran euſt eſté envoyé à un homme Maiſtre & Seigneur de deux villes ou villages, ils l’auroient eſtimé & approuvé, veulent-ils diſpoſer des graces de Dieu ? Il a partagé les biens du monde entre les hommes, il y en a qui ſont plus eſlevez, & ſe mocquent les uns des autres, mais la miſericorde de Dieu eſt plus advantageuſe que les biens de la terre qu’ils accumulent : Encore que tout le peuple ne ſoit pas tout d’une meſme Religion, nous ne laiſſons pas de donner aux infidelles des maiſons ornées avec des planchers lambriſſez d’argent, des eſcaliers, des portes & des lits d’argent & d’or ; Ces choſes ſont les richeſſes de la terre, & le Paradis ſt pour ceux qui ſont gens de bien, je feray precipiter avec les Diables ceux qui abjureront la loy du miſericordieux, les Demons ſeront leurs compagnons, ils les devoyeront du chemin de ſalut, & ne le cognoiſtront pas ; lors que nous viendrons juger l’Univers, ils diront, pleut à Dieu que nous euſſions eſté eſloignez de vous autant que le Ponant eſt eſloigné du

  1. C’eſt Olid bin Maguirhe, & Aroua bin Meſroud à qui les Arabes avaient creance. Voy kitab el tenoir.