Page:L’Alcoran (traduction de Du Ryer).djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370 L’ALCORAN.  

une de ces filles ſe vint le trouver toute honteuſe & luy dit, mon pere t’appelle pour te recompenſer de la peine que tu as priſe d’abreuver nos animaux; Lors qu’il fut auprés de ce vieillard, il raconta ce qui luy eſtoit arrivé ; ce vieillard dit, ne crains rien, je te delivreray des mains des meſchans, Une de ſes filles dit à ſa ſœur, donne à manger à cet homme, & le recompenſe de ſes peines, il nous a aydé avec affections leur pere luy dit, je te veux marier à une de mes deux filles à condition que tu auras du ſoin de mes troupeaux l’eſpace de huict ans; dix ans ſi tu veux, dit Moïſe, je ne te quitteray pas, tu me trouverras homme de bien, je te ſerviray les deux termes, ou huict ou dix ans ſi tu l’as agreable, Dieu eſt teſmoin de ce que je dis ; Apres le terme paſſé, Moïſe quitta la maiſon de ſon beau pere, ſe retirant avec ſa femme, il vit de loing un grand feu du coſté de la montagne, & dit à ſa femme, arreſtez-vous icy, je voids le feu du tout-Puiſſant, je reviendray bientoſt, je vous en apporteray une eſtincelle, peut-eſtre que vous en ſerez rechauffée : Lors qu’il a eſté auprés de ce feu, on luy a crié du coſté droict du valon d’un lieu eſlevé & d’un buiſſon ; O Moïſe, je ſuis Dieu Seigneur de l’Univers, jette ton baſton terre; lors qu’il vid mouvoir ſon baſton, comme s’il euſt eu vie, il s’enfuit de peur, & ne retournoit plus, O Moïſe, approche & ne crains rien, tu es en un lieu de ſeureté, mets ta main dedans ta pochette, elle en ſortira blanche & luiſante ſans mal,