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  DE MAHOMET. 369

ment & miſericordieux ; Seigneur puis que tu m’as fait tant de grace, je ne donneray jamais ayde ny ſecours aux infidelles. Il demeuroit dans la ville avec crainte, & ſe tenoit ſur ſes gardes, le lendemain il a rencontré une autre fois celuy qu’il avoit deffendu le jour auparavant qui ſe battoit encore avec un autre Egyptien, & luy a demandé ſecours ; Moïſe luy dit, tu es un ſeditieux, il luy reſpondit ; ô Moïſe me veux tu tuer, comme celuy que tu tuas hier ? Veux-tu eſtre un tueur de monde ou homme de bien ? Peu de temps apres un homme accourut à luy de l’extremité de la ville qui luy dit; ô Moïſe les miniſtres de Pharaon ont conſpiré contre toy, ils te veulent faire mourir, ſauve-toy, & ſuis mon conſeil ; Il ſortit de la ville avec crainte, ſe tenant ſur ſes gardes, priant ſon Seigneur de le delivrer des mains des infidelles, il s’en alla du collé de Madian, &dit, Seigneur ne permets pas que je ſuive un mauvais chemin ; il rencontra un grand nombre de perſonnes qui faiſoient boire leurs troupeaux ; il y trouva deux filles qui ne pouvoient pas abreuver leurs animaux, il leur dit, que faites-vous icy vous deux ? Nous n’avons pas la force de tirer de l’eau pour faire boire nos beſtes, nous attendons le Berger, noſtre pere eſt trop vieil pour en puiſer ; Il tira de l’eau du puy pour abreuver leurs troupeaux, & ſe retira à l’ombre à cauſe de la chaleur du Soleil, diſant, Seigneur, je ſuis privé de toutes les graces que tu m’as cy-devant données, je ſuis maintenant pauvre & neceſſiteux ;