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362 L’ALCORAN.  

Qui m’aportera le ſiege Royal de cette femme avant qu’elle & ſes ſujets m’obeyſſent, un d’entre les Demons luy dit, Je te l’apporteray avant que en ſois levé de ta place, je ſuis aſſez fort pour le porter, je le porteray fidellement. Un de ceux qui eſtoient aupres de Salomon qui ſçavoit les eſcritures[1], dit, Je te l’apporteray dans un clein d’œil ; Lors que Salomon vit ce Troſne devant luy, il dit, Voila une grace de Dieu pour eſprouver ſi je ſerai recognoiſſant de ſes bien-faicts, celui qui remercie Dieu de ſes graces fait ce qu’il doit, il n’a pas affaire de celui qui en eſt ingrat ; Je verrai ſi elle[2] ſuit le droict chemin, ou ſi elle eſt au nombre des devoyez, ils changeront quelque choſe en ſon ſiege Royal pour eſprouver ſi elle le connoiſtroit lors qu’elle ſeroit arrivée aupres de Salomon ; on le lui a monſtré à ſon arrivée, & demandé ſi le ſien eſtoit ſemblable, elle a dit, il lui reſſemble comme lui-meſme, Elle avoit connoiſſance du droit chemin, mais ce que ſes gens & elle adoroient au lieu de Dieu, l’avoit devoyée de l’obeyſſance de ſa divine Majeſté. On lui dit d’entrer dans une galerie, Lors qu’elle vid le pavé, elle crût que c’eſtoit de l’eau, & decouvrit ſa jambe devant ſa robe de peur de la mouiller, Salomon lui dit que le pavé eſtoit de verre poli, & l’exhorta d’embraſſer la loi de Dieu. Alors elle dit, Seigneur, je me ſuis fait tort à moi meſme de t’avoir offencé, je ſuis obeyſſante avec Salomon, aux Commandemens du Dieu de l’Univers. Nous avons envoyé Salhé à Temod, & ſes gens pour les exhorter de n’adorer qu’un ſeul Dieu

  1. Gelaldin dit qu’il ſçavoit le nom de Dieu.
  2. Cette Reyne ſe nommoit Balkis Voy Gelaldin.