Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Près d’elle faisait sentinelle
Camériste ou valet de chambre.

À lui faire tenir un billet doux
On risquait sa vie,
Et d’un sac de douze sequins
Ne se contentait l’entremetteur.

Si elle allait un beau jour
Se divertir à la campagne,
Pour flâner un peu autour d’elle
Il fallait se travestir.

De plus me souvient que ces femmes,
Outre une belle sujétion,
Étaient toutes pleines de rosaires
D’offices et de dévotion.

Elles disaient le chapelet
Même les jours non fériés,
Et à chaque Saint, chaque Madone,
Elles allaient se confesser.

Tous les livres qu’elles lisaient
Étaient des livres de morale,
Elles se plaisaient même à lire
Quelque bon sermon de Carême.

Pour gagner quelque indulgence
Leur usage était de porter
Toujours au cou le scapulaire,
Et le cilice sur la panse.

Elles dépensaient à ces suffrages,
Pour se signaler à chaque Saint,